Quand on passe devant la boutique / atelier Talon Rouge au 10 rue du Laos dans le 15ème arrondissement de Paris, on découvre d’abord un étalage sublime de souliers brillants, lustrés, glacés et déposés sur une moquette épaisse. Quand vos yeux, amoureux d’élégance, ont fini de pleurer devant tant de beauté de cordonnerie, vous tournez la tête et vous découvrez, enfoncé dans un fauteuil en cuir marron, un dandy en costume cravate affairé à faire briller des pompes ou des godasses comme il les appellent !
Alors, on rentre ! et là, un vrai choc sensoriel…
Une odeur divine de cuir, de cirage et de teinture. Un air d’Opéra ou de jazz s’échappe d’un vieux transistor. Vos yeux ne cessent de faire l’aller retour entre les souliers et l’artisan en face de vous qui répond à vos questions sans intérêt. Vos mains quittent les poches dans lesquelles elles s’étaient réfugiées de peur de mal faire pour prendre une paire de Crockett and Jones ou de Lobb qui traînaient dans un coin. Vous avalez un bonbon et vous vous lancez dans une belle discussion avec Monsieur Hofflin, cireur de chaussures…
Il vous explique que l’idée de créer ce temple parisien du cirage de souliers lui ait venu il y a 8 ans quand il était encore vendeur chez Weston. Il est tombé dans la marmite Weston à l’âge de 11 ans, quand son père l’emmenait à la boutique dont il était directeur. Quelque peu lassé de 20 ans de bons et loyaux services dans cette maison d’excellence, il décide d’ouvrir en juillet 2008, cet endroit charmant dans un quartier familial. L’idée est d’accueillir dans une boutique intimiste et chaleureuse qui lui ressemble, des clients et surtout des souliers à entretenir, réparer voire parfois sauver… Monsieur Hofflin explique que le vraie bonheur de cet endroit est de pouvoir travailler devant les passants de la rue.
Mais le bonheur ultime pour cet homme de l’art est la sensualité qu’il éprouve à caresser de la peau, du cuir. Ces outils de tous les jours sont des brosses pour préparer le cuir, des pinceaux pour appliquer ces teintures qui rendent à vos souliers leurs lustres d’antan. Mais il ne rechigne pas pour fignoler le travail à mettre ces mains au service de zones parfois difficiles d’accès sur certaines paires de chaussures.
Allez rendre une petite visite à cet artisan dandy d’une courtoisie devenue rare, d’un professionnalisme et d’un sens artistique fantastiques.
Une vraie rencontre à la sortie du Champs de Mars, rectangle de verdure sur lequel il souhaite organiser un jour un grand pique nique avec tous ces amis, clients et membres du Club Talon Rouge. Car oui, Monsieur Hofflin a créé un club de gentlemen partageant avec lui le goût des beaux souliers, d’une certaine élégance discrète et d’une courtoisie simple.
J’espère pouvoir un jour en faire partie…